Et si Israël attaquait l’Iran?

"Le choix en politique n'est pas entre le bien et le mal, mais entre le préférable et le détestable."

Raymond Aron

Avouons cependant que cette guerre régionale qui ne dit pas son nom est déjà commencée et ce depuis longtemps, avec, à foison, les éliminations radicales d’ingénieurs nucléaires, de responsables informatiques et de militaires iraniens haut placés ; mais concrètement, que pourrait-il se passer si demain Israël envoyait une flottille d’une centaine d’avions F16 pilonner tous les sites de communications, qu’ils soient terrestres ou informatiques, qu’elle plongeait dans l’obscurité Téhéran et jusqu’aux confins de l’Iran, ses bombes perforant les sous-sols perses garnis jusqu’à la gorge de drones, de missiles, d’avions et de chars ? Les récents accords de partenariat russo-iranien iront-ils jusqu’à générer une ligne de défense militaire commune contre les Israéliens et donc contre les Américains, ce qui se traduirait par des représailles que l’on peut imaginer de toute grandeur? ou bien nous faudra-t-il nous préparer à une autre et expéditive Guerre de Six jours pour anéantir, comme le fut Gamal Abdel Nasser, ce régime des Mollahs qui ne se lève le matin, non pas pour adoucir la vie pénible des Iraniens, mais pour clamer indéfiniment ses envies de détruire Israël. Deux choses.1 Je le répète, je suis intimement persuadé que l’Iran possède déjà la bombe, sinon pourquoi le scénario, évoqué plus haut, n’a pas encore été mis en application. N’oublions pas que d’autres pays comme le Pakistan, l’Inde ou encore la Corée du Nord possèdent cette bombe dont on nous fait croire depuis 20 ans qu’elle est si difficile à obtenir pour les Iraniens. 2 Mais, malgré tout, le plus terrifiant à venir en cas de déflagration, ce serait un nouveau choc pétrolier, suivi d’un autre carambolage des matières premières, un nouveau télescopage alimentaire qui pourrait tous nous renvoyer, manu militari, (c’est le cas de le dire) à la période du Moyen âge.
Cela nous fait une jolie transition pour vous parler de l’inflation et des prix en Israël. Il est aujourd’hui de notoriété publique que tout, absolument tout vient d’Ukraine, les meubles, l’électroménager, le blé, le lithium, Ikea, les tableaux de Van Gogh et le vin d’Italie, aurait dit Michel Sardou. Autrement dit, on nous fait prendre, ce qui n’est pas nouveau, des vessies pour des lanternes, ou encore mieux du plastique pour de la porcelaine de Limoges. En nous expliquant que la Guerre en Ukraine serait la marraine de nos malheurs. Notre très cher, -très cher-, ministre des Finances, Avigdor Libermann, avait dit qu’il n’interviendrait pas au niveau des prix dans le pays, laissant ainsi tous les importateurs en position de monopole, gérant le pays à leur guise, ponctionnant jusqu’à plus soif (et plus faim) les populations défavorisées du pays. Je ne doute pas un seul instant que les ministres actuels et les députés (au chômage d’ailleurs) travaillent jour et nuit pour le bien du pays, mais ce dont je suis certain, c’est qu’ils ne travaillent pas dans la bonne direction. Les monopoles ont pris la direction du pays et pour vivre au centre du pays, je sais que le prix n’est plus un facteur de décision d’achat car l’argent y coule à flots. Ce qu’on appelait le prix psychologique (dans mes vieux cours de marketing) n’existe plus. Ce prix, dont on disait que c’est le prix qu’était prêt à payer un client pour un produit. Les riches, oui, paieront quel que soit le prix, car peu leur importe. Les pauvres, non bien sûr, car ils n’arrivent même plus à les déchiffrer ni à les lire sur les affiches. Au fond, le plus grand paradoxe qui pétrifie nos économies et nos hommes politiques, et engourdit notre imaginaire, c’est le nucléaire. Un nucléaire, lequel si nous savions en faire bon usage, résoudrait très rapidement la crise climatique qui est déjà tellement présente et cruelle dans le quotidien de nos incendies. Un nucléaire que d’autres voudraient par ailleurs utiliser pour leurs visées apocalyptiques et hégémoniques. N’est-elle pas superbe cette parabole biblique que de se trouver aujourd’hui au milieu de ce croisement qui est celui de choisir entre le bien et le mal, et de surcroît avec le même instrument.
PS On vous parle des Maccabiades dans ce numéro. Cela reste pour moi un superbe souvenir que les Maccabiades européennes en 1976 où j’ai rencontré un coéquipier de l’équipe de France Maccabi de football, celui qui allait devenir un ami, mais aussi un excellent journaliste sportif et un député français, Avi Assouly.

ANDRE DARMON